Moyen-Âge & Templiers
L'époque médiévale
Au Moyen-Âge, Saint-Merd-les-Oussines se situait sur le territoire des vicomtés de Comborn, puis de Ventadour.
Autour de l’An Mil, ces deux lignées vicomtales s’affirmèrent en effet sur les terres de l’actuelle Haute-Corrèze.
Nombre de nos villages du Plateau de Millevaches apparurent dans ce contexte particulier du développement de la féodalité régionale au début du XIe siècle, en parallèle d'une forte expansion de la chrétienté :
La lignée des Ventadour est en fait une branche dérivée des Comborn, issue d’un partage du patrimoine entre les fils du vicomte Archambaud II. En 1059, le cadet Ebles hérite de la partie orientale du territoire des Comborn et devient ainsi le premier vicomte de Ventadour.
À bien des égards, les Ventadour font figure de super châtelains. Ils siègent originellement dans leur propre castrum (château-forteresse) [1] mais apparaissent également maîtres des castra de Neuvic, de Meymac, d’Egletons, de Margerides et s’imposent jusqu’à Ussel, où ils rivalisent avec le lignage éponyme de cette bourgade [2].
On est là dans un processus de territorialisation. Les chartes originales sont rares et rendent hélas impossible une délimitation exacte entre les divers domaines issus de la scission du fief des Comborn. Les chartriers des lignées vicomtales ont en effet souvent été perdus, dont celui des Comborn, ou amputés des documents les plus anciens ; lorsqu’ils sont conservés, c’est à l’état d’épaves comme celui des Ventadour.
Les représentations graphiques établies par les historiens permettent néanmoins de positionner
Saint-Merd sur ce nouveau territoire des Ventadour.
Les documents des Ventadour sont authentifiés par un contre-sceau de cire permettant une figuration armoriée. On y voit l’écu échiqueté [3] des vicomtes de Ventadour, dont les émaux en couleur sont « d’or et de gueules » (jaune et rouge), comme ceux des Turenne, rappelant ainsi les liens étroits qui unissent originellement les deux familles.
Contre-sceau d'Ebles de Ventadour (1263)
Indéniablement, les Ventadour s'affirment progressivement, au cours du XIIIe siècle, comme un lignage de premier plan sur la scène limousine.
Dès le milieu du XIIIe siècle, les vicomtes de Ventadour assurent la juridiction gracieuse de leurs sujets. Il se dotent par la suite d’une sénéchaussée installée d'abord à Egletons puis finalement à Ussel. Le sénéchal et son administration rendent souverainement la justice sur toutes les terres des Ventadour, sans en référer à la justice royale. Les juridictions d'appel sont successivement le Parlement de Bordeaux et celui de Paris, mais le recours à ces instances est rare.
Les pouvoirs régaliens des grands vicomtes limousins ne vont cependant pas au-delà du périmètre militaire et judiciaire ; parmi eux, ni les Comborn, ni les Aubusson, ni les Ventadour n’ont en effet émis de monnaie féodale.
- Les périodes de grande souffrance : Guerre de Cent Ans, Guerres de religion, lèpre.
Durant la Guerre de Cent Ans, le Limousin fut aux premières loges de la rivalité entre les monarchies française et anglaise, passant tour à tour sous la souveraineté de l'une et de l'autre.
Dans ce contexte, le territoire des Comborn et des Ventadour était une "zone tampon" d'une importance souvent stratégique et donc particulièrement contestée. La loyauté de ces seigneurs locaux était ainsi fréquemment défiée.
Lors des périodes d'occupation et de domination anglaise de la région, le roi d'Angleterre (en sa qualité de Duc d'Aquitaine) eut recours à divers moyens pour soumettre les seigneurs et terroriser la population.
Outre les raids opérés par son fils, le Prince de Galles, plus connu dans l'histoire régionale sous le nom de "Prince Noir", le monarque anglais s'appuya notamment sur des mercenaires à sa solde, bandes d'aventuriers armés, dont la tactique consistait à s'emparer par la force ou par la ruse de places fortes puis de rançonner les villages alentours; de les piller et incendier s'ils ne se soumettaient pas à leur violent chantage.
C'est ainsi qu'en 1374, Geoffroy « Tête Noire », fameux capitaine de routiers (chef de bande breton à la tête d’une compagnie de malfrats et mercenaires), s'empara par la ruse du château de Ventadour et l'occupa pendant une décennie, rançonnant, pillant et terrorisant toute la région.
La très catholique vicomté fut par ailleurs en proie aux pires exactions des Guerres de religion, avec des incursions répétées des troupes protestantes de l’amiral de Coligny et des armées envoyées par le roi de France pour les combattre.
Depuis lors, la fière devise : « Haine à l'Anglais ! — Sus aux Huguenots ! » fut toujours le noble cri de guerre des Ventadour. Il était gravé dans leur cœur en caractères indélébiles. C'était comme un précieux héritage que les pères léguaient à leurs enfants. Aussi les avait-on surnommés : "les dénicheurs des Anglais et des Protestants" !
Ainsi, cinq siècles durant, des troubles qui ensanglantèrent l'Aquitaine suite au remariage d’Aliénor, épouse divorcée de Louis VII et idole de nos Troubadours, avec Henri II, roi d'Angleterre, jusqu'à l'arrivée de Jeanne d'Arc d’une part ; et depuis Luther jusqu'à la fin des guerres de religion d’autre part, c'est-à-dire du XIIe au XVIIe siècle, la Montagne limousine fut le point de mire des Anglais voraces et des protestants sectaires.
Les XIIe et XIIIe siècles furent par ailleurs marqués par l'épidémie de lèpre, maladie de misère, qui sévit aussi sur le Plateau de Millevaches.
Les villages et hameaux souvent appelés Chabanes, ou Chabannes, parfois La Maladrerie, La Borde ou Mazeau, ont pu être des lieux d'isolement des malades, d'abord dans des constructions provisoires (cabanes que l'on brûlait à la mort du malade qui l'habitait), puis dans des groupe de maisons en pierre maisons en pierre isolées, perdues dans les bois, situées à proximité d'un ruisseau ou d'une fontaine.
- Les vicomtes de Ventadour et l'emblématique époque des troubadours
À la mort de leur père, vers 1059, les trois frères de Ventadour (Ebles, Ier, Archambaud III et Bernard Ier) sont appelés collectivement « vicomtes ».
D’après la Chronique de Geoffroy de Vigeois, rédigée vers 1180, il y eut partage du patrimoine entre les deux frères aînés. Dès lors :
- Archambaud héritait de la partie Ouest, comme vicomte de Comborn,
- Ebles Ier héritait de la partie Est (qui incluait le Plateau de Millevaches), comme vicomte de Ventadour [4]
- le cadet, Bernard, n’héritait que de quelques terres et d’une église.
Dès qu'il fut vicomte, Ebles Ier "voulut grandement que le prieuré de Maimac (Meymac) fut érigé en abbaye, pour en avoir une dans sa terre, ce qui lui réussit".
C'est sous la protection de son fils Ebles II puis de son petit fils Ebles III que rayonnera l'âge d'or des troubadours de langue limousine (l'occitan médiéval parlé dans toute la moitié Sud de l'actuelle France).
Ebles II de Ventadour dit « Le Chanteur » (Cantadour, Cantor, « Eboli Cantatoria »), naquit entre 1083 & 1100 et mourut après 1109.
Chantre de l'art courtois du Languedoc, il se lie d'amitié avec Guillaume IX d'Aquitaine,
un des plus célèbres troubadours de l'époque et fonde une école poétique à Ventadour.
Bernart/d de Ventadour, le plus célèbre des poètes troubadours, n’est pas un membre de la
famille des vicomtes. Il est le fils d’un de leurs domestiques et vécut ainsi au château. Né vers
1125, il est pris en affection par Ebles II et ainsi formé à l'école courtoise. Il déclarera imprudem-
ment sa flamme à Alice de Montpellier (~1151-~1174), jeune épouse d'Ebles III, alors en croisade.
De retour, Ebles III chassera Bernard dit « de Ventadour », mais ce dernier suivra Alice (ou Alix,
Alaiz, Adelais, Adélaïde selon les sources) à Londres puis à Poitiers en 1167.
-
Ebles III de Ventadour dit « Eblon », « Le Troubadour », décédé en 1170 à Cassino (Italie), de retour de croisade (?). Vicomte de Ventadour vers 1155, seigneur d’Ussel, croisé. Il est connu pour avoir affranchi tous les serfs de Ventadour vers 1165 et exilé Bernard le troubadour qui l’avait déshonoré.
- Les Ventadour tour à tour vassaux des rois de France et d'Angleterre
Plus tard, deux autres vicomtes de la lignée des Ventadour partiront en croisade, l'un pour avec le roi de France, son fils avec le futur roi d'Angleterre, auquel il fera allégeance :
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Ebles VI de Ventadour, décédé entre 1260 et 1265. Vicomte de Ventadour, rendit hommage au Roi Saint Louis (Louis IX) en 1247 et fut Croisé lors de la septième Croisade (1248-1252), dirigée par Saint-Louis.
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son fils Ebles VII, proche du Prince anglais Edouard (futur Edouard Ier, roi d'Angleterre et duc d'Acquitaine, fils d'Henri III Plantagenêt) suivit ce dernier en 1270 durant la huitième Croisade. Edouard l'arma chevalier à Tunis.
Puis Ebles tomba malade, Edouard l'emmena à Londres d'où il obtint pour son fidèle compagnon, une exemption pontificale pour le dispenser de repartir outre-mer. En 1273, le roi-duc anglais demanda aux sénéchaux de Gascogne et du Limousin, ainsi qu'aux vicomtes de Turenne et de Ventadour, de porter secours aux bourgeois du château de Limoges aux prises avec la vicomtesse de Limoges (soutenue par le roi de France). Edouard Ier d'Angleterre fit même de son ancien compagnon d'armes son "sénéchal des trois diocèses" (Limoges, Périgueux, Cahors) en 1274-1275.
En mai 1277, Ebles VII séjournait à Londres et désobéissait ouvertement au roi de France Philippe le Hardi.
La Guerre de Gascogne (1293-1303) mit fin à cette étonnante et originale fidélité des Ventadour à l'égard du roi anglais, duc d'Aquitaine. Ce conflit, largement provoqué par Philippe le Bel débuta par la saisie du duché et l'injonction faite à tous les vassaux du roi-duc de transférer leur service féodal au roi de France. En 1294, il n'y avait guère de choix et les Ventadour durent, comme l'ensemble de la noblesse limousine, rallier le camp capétien et même combattre du côté français, parmi les chevaliers de l'Armée des Flandres en 1302 et 1304. Les Ventadour restèrent ensuite définitivement dans la mouvance royale.
Ce retour en grâces auprès de la cour royale culmina en 1350 lorsque Bernard Ier de Ventadour, obtint du roi Philippe de Valois d'établir une Cour de justice de premier appel dans sa vicomté (28 janvier 1350), puis l'érection de sa terre en comté le 2 avril 1350, "en considération des services que Bernard, vicomte de Ventadour, et ses prédécesseurs avaient rendus à l'Etat, et encore en considération de la bonne et noble lignée dont il était issu".
Le 19 septembre 1356, il participa à la tragique bataille de Poitiers, où il fut fait prisonnier avec son fils, en compagnie du roi, comme le roi lui-même l'atteste dans des lettres données en sa faveur, au mois de janvier 1360, vieux style, où il est qualifié de magnifique et puissant seigneur. Il fut délivré, sans payer de rançon, par le traité de Brétigny du 8 mai 1360.
Les Ordres religieux et militaires
Au cours des XIIe et XIIIe siècles, les chevaliers du Temple s'établirent dans toutes les provinces de la France, sous l'influence de saint Bernard et de la règle qu'il leur donna.
L’implantation des ordres religieux et militaires sur le plateau de Millevaches, au premier rang desquels l’Ordre du Temple, intervint ainsi moins de deux siècles après l’appel du pape Urbain II à la première Croisade en 1095.
Les Templiers y étendront ensuite leur emprise, sous l’impulsion de Pierre de Madic (grand-prieur d’Auvergne).
La présence des Templiers est notamment attestée en Haute-Corrèze depuis 1272, et notamment à Bellechassagne [5], en 1277. On sait que le frère Franco de Bort [6], maître de l’Ordre du Temple et précepteur des possessions templières en Limousin, en fut le commandeur en 1286
C'est notamment à Bellechassagne que le noble André de Ventadour fut reçu Chevalier du Temple en 1303 (par le Chevalier Ymbert de Comborn). Les actes du grand procès des Templiers nous apprennent qu'il partit aussitôt combattre "en outre-mer" (Proche-Orient) et qu'en 1307, il y était encore retenu captif par les Sarrazins [7].
Gagnant progressivement en influence au sein du Grand-Prieuré d’Auvergne, Bellechassagne sera érigée en Commanderie en 1444.
Notons que lors de son accession au statut de Commanderie, Bellechassagne ne relevait déjà plus l'Ordre du Temple, puisque ce dernier avait été dissout au siècle précédent, suite au célèbre Grand Procès des Templiers (1307).
De fait, dès 1312, Bellechassagne et tous ses biens dépendaient de l'Ordre des Hospitaliers (voir plus bas).
Saint-Merd apparait (dans les archives de l'Ordre de Malte) comme un prieuré, "membre" de Bellechassagne, mais la date de ce rattachement ne nous est hélas pas connue.
De facto, ceci pose la question de savoir si Saint-Merd fut initialement une implantation templière ou hospitalière.
Quoi qu'il en soit, en 1447, Saint-Merd sera, à son tour, érigée en commanderie, par l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.
- Saint-Merd et Fournol appartenaient à des ordres distincts
Bien que situé aujourd'hui sur la commune de Saint-Merd qui, au Moyen-Âge dépendait - comme nous l'avons vu - de la Commanderie templière puis hospitalière de Bellechassagne, le Prieuré de Fournol fut, quant à lui, rattaché à la Commanderie de la Vinadière. Celle-ci relevait d'un autre Ordre religieux et militaire, celui du des Chevaliers du Saint-Sépulcre.
Que sait-on sur ces ordres ?
L'Ordre du Temple, fondé en 1119 à Jérusalem, est un Ordre militaire et religieux qui s'implanta dans toute l'Europe et notamment au Royaume des Francs. Afin de financer leurs actions militaires et de vivre aisément, les Templiers avaient créé des Commanderies et des réseaux financiers qui s'étaient enrichis. Aussi, le Roi Philippe IV Le Bel voulu s'approprier leurs richesses. En 1307, il les fit condamner. En 1312, il octroya leurs biens à l'Ordre des Hospitaliers.
L'Ordre de l'Hôpital Saint Jean de Jérusalem, fondé en Terre Sainte en 1049 mais officiellement institué en 1120, également appelé Ordre des Hospitaliers [8]. Héritier de l'Ordre du Temple dès 1312, il devient l'Ordre de Malte en 1530, ce qui explique notamment la venue à Saint-Merd en 1617 de visiteurs de ce dernier ordre. Les archives départementales de la Creuse et du Rhône conservent les rapports et expertises des visites prieurales de l'Ordre de Malte à la Commanderie de Bellechassagne en 1753, 1755, 1757, 1759 et 1788. Les minutes de la visite maltaise de 1759 à Saint-Merd-les-Oussines contiennent notamment de nombreux détails très instructifs sur l'état de l'église et de la cure de Saint-Merd ainsi que sur le rendement des terres en leur possession (voir la page dédiée à l'église).
L'Ordre du Saint Sépulcre est un ordre canonial formé à Jérusalem au début du XIIe siècle.Il s'agit d'un ordre religieux de chanoines, installés dans la basilique du Saint Sépulcre par Godefroy de Bouillon en 1099. Cet ordre a par la suite fondé des prieurés en Europe. Sa présence est attestée dès 1263 à la Commanderie de La Vinadière, en Haute-Corrèze, qui comptera une demi-douzaine de membres.
Tout comme l'Ordre du Temple, celui du Saint-Sépulcre sera, à son tour, en 1482 (soit 170 ans plus tard), rattaché à l'Ordre des Hospitaliers (de Saint-Jean) .
L'Ordre des Antonins (chanoines de Saint-Antoine-en-Viennois) a laissé une moindre empreinte en Corrèze. Les Antonins n'y disposaient en effet que de trois modestes dépendances : La Chassagne, Saint-Antoine-les-Plantades et Lestards [9]. Cette dernière, créée en 1300 est la seule connue sur le Plateau de Millevaches. Elle accueillait les malades et venait en aide aux plus démunis de la région. L'Ordre dut fermer Lestards en 1770, victime de la Commission des réguliers.
L'Ordre des Antonins sera, à son tour, rattaché directement à l'Ordre de Malte en 1776.
Quelles traces ont-ils laissé à Saint-Merd ?
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Le Gisant, aujourd'hui visible à l'intérieur de l'église, daterait du XVe ou XVIe siècle. Il ne peut donc pas être rattaché aux Ordres du Temple ni de l'Hôpital, tous deux déjà éteints à cette époque. Il s'agit donc probablement du tombeau d'un dignitaire de l'Ordre de Malte.
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En ce qui concerne le premier Prieuré de Saint-Merd, la tradition orale avance qu'il se trouvait au lieu-dit La Côte. L'actuelle propriété, datant des années 1800 à 1807, aurait été rebâtie sur les restes du Prieuré. Le puits, dit templier, qui se trouve dans la cour de la propriété et la croix surmontant l'arche d'entrée en seraient l'indication.
Mais les archives de l'Ordre de Malte évoquent un autre emplacement de l'ancienne Commanderie templière.
Le rapport rédigé à Saint-Merd par les visiteurs de cet Ordre en 1617 nous apprend en effet que la Maison de la Commanderie était « située derrière l'église » et qu'il n'en restait déjà plus que des vestiges : « toute ruynée jusques à ses fondements..., et y avoit longues années de ladite ruyne ».
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L’enfeu accolé à l'église de Saint-Merd arbore en façade (en bas-relief) deux Croix en Tau, caractéristiques des Antonins. Il a été classé monument historique en 1929.
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La chapelle de la Nativité de Fournol (sur la commune de Saint Merd, en direction de Bugeat) appartenait à l'Ordre du Saint Sépulcre, via la Commanderie de la Vinadière (commune de Soudaine Lavinadière), créée en 1263.
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Enfin, de nombreuses Croix templières parsèment le territoire de notre commune.
- L’implantation templière sur le Plateau de Millevaches
Templiers et hospitaliers en Limousin : les attestations les plus anciennes
Déterminer l’origine templière ou hospitalière d’une implantation n’est pas toujours chose aisée. Il faut pour cela trouver des actes antérieurs à la dévolution des biens du Temple à l’Hôpital, effectuée à partir de 1312 (suite au Procès des Templiers ayant entraîné la dissolution de l’Ordre). Dans l’ancien diocèse de Limoges, toutes les installations templières relevées, d’importance variable, se retrouvent logiquement, plus tard et sous des statuts divers, dans les possessions de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Sur les quelque 130 établissements de l’Hôpital existant à la fin de l’Ancien Régime dans les diocèses de Limoges et Tulle (commanderies, membres, annexes), nous pouvons attribuer une origine médiévale à soixante d’entre eux, soit presque la moitié. Sur ces 60 établissements, avant les restructurations dues à la suppression de l’ordre du Temple, 36 étaient des sites templiers et 24 des sites hospitaliers.
Pourquoi ce grand nombre en Limousin ?
Pour l'expliquer, est-il suffisant de constater que beaucoup de seigneurs locaux sont partis en croisade ? Peut-être en effet, car les commanderies templières étaient souvent créées dans le but d'administrer et de faire fructifier les terres données par les Croisés en partance (espérant ainsi s'assurer la protection divine, la rédemption de leurs pêchés et le salut de leur âme).
Arrivés tardivement, les deux ordres ont été repoussés en partie sur les bordures du diocèse et dans les endroits les moins accueillants, là où les puissants établissements épiscopaux ne s’étaient pas déjà installés.
Ils se sont implantés là où il y avait de la place sur le territoire des diocèses, sans chercher — à la différence des Cisterciens — à s’isoler systématiquement du monde.
Au bilan, les Templiers sont présents un peu partout en Limousin (sauf dans la Corrèze centrale), formant une sorte de « ceinture templière » sur son pourtour.
Rien que sur le plateau de Millevaches, 24 établissements religieux d’importance variable ont été répertoriés tout au cours du Moyen-Age ; 11 d ’entre eux (45,83 %) dépendaient du Temple ou de l’Hôpital.
Une rapide étude toponymique nous révèle de nombreux sites templiers corréziens dont le nom a une origine celtique ou latine (gallo-romaine). Ce nom est souvent dérivé de termes évoquant des endroits boisés, sans doute inoccupés auparavant : les broussailles (Brousse, Creuse), la forêt (La Forêt-du-Temple, Creuse), le hêtre (Breuillaufa, Haute-Vienne), le chêne (Bellechassagne [Bella Cassanha], dont dépendait Saint-Merd-les-Oussines) ou des terres défrichées (Plénartige, Haute-Vienne).
Leurs maisons étant avant tout des exploitations agricoles, les deux ordres ont logiquement essayé de bénéficier d’une implantation aussi favorable que possible dans la mesure où les meilleurs sites étaient déjà occupés. Il est difficile de savoir s’ils ont été les premiers habitants des sites cédés. Peut-être est-ce le cas dans la Montagne limousine.
Templiers et hospitaliers en conflit avec l’ordinaire
Remarquons que les privilèges accordés aux ordres militaires et religieux (du Temple et de l’Hôpital) par le Saint-Siège contribuent à les dégager de l’emprise de l’ordinaire (diocèse de Limoges), notamment pour le prélèvement de la dîme, des redevances et des droits de sépulture.
Des litiges avec l’épiscopat local sont assez fréquents sur ce point ; d’autant que les deux Ordres, qui ne dépendant que du Saint-Siège, ont un clergé et des églises propres et qu'ils ont procédé à la création de leurs propres paroisses.
Des curés de paroisses relevant de l'ordinaire (nommés par l'évêque et non directement par le Saint-Siège) n'ont pas hésité à contester ici ou là les privilèges templiers ; surtout dans des secteurs isolés où la présence templière a pu manquer de continuité au fil du temps.
Un tel cas de contestation se produisit à Saint-Merd-les-Oussines suite à une bien trop longue vacance de cette cure, imputable à des Hospitaliers (Ordre de Saint Jean de Jérusalem) ayant négligé d'assumer leurs charges.
Il fallut attendre une décision judiciaire du Tribunal de Paris (en appel de celui de Bordeaux) pour donner raison à l'Ordre de Malte. Cet acte du 13 août 1624 est un précieux document d'archive.
Les sources documentaires
La commanderie de Lyon étant, à la fin de l’Ancien Régime, le chef-lieu du prieuré d’Auvergne, dont dépendaient notamment les maisons situées dans les diocèses de Limoges, c’est aujourd’hui aux Archives départementales du Rhône que se trouve la majeure partie des archives (sources « directes ») pour la région qui nous intéresse.
Certains documents, confisqués sous la Révolution dans les commanderies locales et chez les fermiers se trouvent dans d’autres services départementaux. Les Archives de la Creuse conservent notamment les documents du Grand prieuré d’Auvergne et de la commanderie de Bellechassagne (référencés 5H1 à 17H6).
Les documents disponibles sont essentiellement des terriers, en principe régulièrement renouvelés, des procès-verbaux de visites, des inventaires de titres, des preuves de noblesse, des pièces comptables et des correspondances diverses, essentiellement des XVIIe et XVIIIe siècles. Pour la période médiévale, le bilan des sources « directes » se révèle assez maigre.
Les travaux sur l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en Limousin, principalement des articles, sont d’inégale valeur : ils portent essentiellement sur telle ou telle maison et concernent surtout l’époque moderne. Les deux ouvrages d’ensemble ont plus d’un siècle. Celui de L. Niepce est le seul sur le prieuré d’Auvergne ; il apporte peu à l’histoire locale : son état des commanderies aux XVIIe et XVIIIe siècles comporte des oublis et des erreurs de localisation.
Plus intéressant est celui de L.-A. Vayssière, paru en 1884, fait à partir des procès-verbaux des visites prieurales de 1615-1617.
Les informations tirées des procès des Templiers sont également utiles ; y sont mentionnés telle maison ou tel chevalier, sergent ou prêtre, dont c’est peut-être la seule trace existante (huit maisons templières y apparaissent, dont Bellechassagne).
Plus récemment, de nouvelles études ont été entreprises pour préciser les implantations hospitalières et templières dans les trois départements limousins.
Texte composé, notamment à partir des publications de :
- Jean-Marie Allard, Université de Limoges - Centre de recherches historiques et archéologiques (CRHAM)
- Christian Rémy, "Les Ventadour et le Roi d'Angleterre" - Cahiers de Carrefour Ventadour (2002)
- Hélène Debax - Vicomtes et vicomtés dans l’Occident médiéval – Presses universitaires du Mirail
L’organisation politique et ecclésiastique du plateau de Millevaches
aux IXe, Xe et XIe siècles
Si l'on remonte aux tous débuts du Moyen-Âge, avant même l'apparition de la féodalité et l'émergence des lignées vicomtales des Comborn et des Ventadour, co-existaient déjà plusieurs divisions de l’espace administratif et religieux.
Les offices qui donnèrent naissance à des circonscriptions administratives furent progressivement institués, de la conquête du centre et du midi de la Gaule par les Francs (an 507) à la fin du X° siècle.
Dans un ordre d’importance décroissant :
- le duché, ducatus, qui correspondait à l'office de duc, dux, et s'étendait sur plusieurs cités (civitas) ou grands comtés (pagus ou pays) de l’époque gauloise pré-monarchique ;
- le comté, comitatus, qui comprenait le diocèse entier, et correspondait à l'office du comte de la cité, comes civitatis ; et le comté inférieur, grafia, comitatus ou comitatulus, établi dans une partie du diocèse ou de la cité, et correspondant à l'office de fonctionnaires appelés comites pagorum ou comites rurales ;
- les subdivisions du comitatus, notamment :
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les vicairies, vicariæ, qui correspondaient aux offices des vicaires, vicarii ;
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les centaines, centenæ, qui correspondaient aux offices des centeniers, centenarii, qui sont étymologiquement les ancêtres des cantons.
Déjà, dans la hiérarchie administrative des rois francs, le duc était commandait à plusieurs comtes. Le duché comprenait ainsi des comtés qui correspondaient assez généralement aux anciens découpages en pagus et civitas des gaulois Lémovices [10].
La composition des duchés fut variable et arbitraire. Le duc les administrait, y rendait la justice civile et criminelle, et percevait les revenus du fisc, en même temps qu'il commandait aux troupes.
Depuis l'empereur romain Auguste, le duché d'Aquitaine incluait quatorze des cités de la Gaule celtique situées au nord de la Garonne, dont la cité limousine.
Il fut plus tard divisée en deux provinces :
- l’Aquitaine première, dont la ville principale ou métropole était à Bourges, et
- l'Aquitaine deuxième, dont la métropole fut placée à Bordeaux.
Le Limousin (civitas Lemovicum), était rangé dans les dépendances de l'Aquitaine première et longtemps placé sous l'autorité intermédiaire des comtes de Poitiers.
Venaient ensuite les vicairies et centaines (ou centenies). Le Limousin en comptait alors quarante-huit.
Ces anciennes circonscriptions administratives et judiciaires étaient confiées à des vicaires et centeniers, tous deux lieutenants du comte. Elles disparurent sous cette forme à l’aube du XIIe siècle.
L'implantation du christianisme en Haut-Corrèze n'entrainera aucun changement majeur dans le tracé des limites territoriales.
On note une forte correspondance entre l’ancienne organisation préchrétienne et les circonscriptions religieuses des débuts de l’époque médiévale :
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entre les comtés (comitatus), regoupant à la fois les civitas (territoires dominés par une capitale urbanisée) et les pagus (territoires d'essence davantage rurale), d'une part, et les diocèses d'autre part ;
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entre les centaines et vicairies d'un côté, et les cures d'églises baptismales [11] de l'autre ;
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entre les décanies et les cures inférieures.
Sur le plateau de Millevaches, alors que Saint-Merd semble ne pas encore exister, les archives (dont hélas beaucoup ont disparu) permettent d’identifier aux alentours, avec certitude, les subdivisions suivantes :
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la vicairie de Sornac - Vicaria Saornacensis -
Le Cartulaire de Tulle contient une charte, qui se place vers l’an 925, par laquelle Aiminildis et son fils le prêtre Adacius donnent à ce monastère : « in vicaria Saornacensi, villam nostram quae decitur Belna, domum scilicet propriam cum baccalaria… »
Le chef-lieu de cette vicairie est une ancienne paroisse, mentionnée dans le pouillé antérieur à 1312, sous le nom de Saournac. La villa Belma est le village de Beaune, situé au nord-nord-ouest et dans la commune de Sornac.
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la vicairie de Tarnac – Vicaria Tarnacensis ou Tarnensis – et la centaine de Tarnac – Centena Tarnacensis ou Tarnencis.
Tarnac était, en même temps, le chef-lieu d’une vicairie et d’une centaine.
A l’échelon supérieur, se trouvait alors le Pays d’Uzerche (pagus uzercensis), expressément mentionné en l'an 871 dans une charte de l'évêque de Limoges - Frotaire -, où nous lisons le passage suivant concernant la localité de Rempnat (Ramnacus) et son église dédiée à Saint Sébastien :
« Villam meam, cum capella in honore S. Sebastiani dicata, quæ Ramnacus vocatur et est sita inter illos Cambones, in fines videlicet Usercensis pagi, in vicaria cujus vocabulum Tarnacensem ... »
Et plus bas :
« In villa cujus vocabulum est Ramnacus, in capella quæ superior epistola declarat, quæ est in pago Lemovicino, in vicaria Tarnacense, inter illos Cambones, super fluvium Vigennam. »
Ces désignations ne laissent absolument aucun doute sur l'existence en limousin, d'un comté d'Uzerche (Pagus Usercensis) et sur le rattachement de sa dépendance de Rempnat à la vicairie de Tarnac.
Uzerche est également citée dans une lettre de septembre 1048 par laquelle Roger de Leron fait don de l’église de Millevaches aux moines bénédictins de l’abbatiale Saint-Pierre d’Uzerche.
Pour autant, le rattachement des paroisses du plateau est loin d’être uniforme et, à partir de la fin du XIe siècle, au fur et à mesure de leur création, des dons de cures ou de certains biens et privilèges s’opèreront également au bénéfice des évéchés de Limoges ou Tulle, de l’abbaye cistercienne d’Aubazine ou de celle de Meymac ; sans oublier bien sûr l’importance de l’implantation templière évoquée ci-dessus, tout particulièrement pour Saint-Merd-les-Oussines.
A Saint-Merd-les-Oussines, la date 1055 étonnament gravée dans le granit d'une pierre de l'église semble témoigner d'une éventuelle première édification de l'église dès le XIe siècle et donc avant même la création des Ordres de chevalerie, mais aucune archive ne permet d'affirmer un quelconque rattachement si précoce à un évéché ou à une abbaye de la région.
Quoi qu'il en soit, au début du Moyen-Âge, l'emprise du clergé était probablement davantage perceptible à Saint-Merd que celle des seigneurs féodaux alentours.
Sources :
– Etudes sur la géographie historique de la Gaule et spécialement sur les divisions territoriales du Limousin au Moyen-Âge – par M. Maximin Deloche, dans « Mémoires présentés par divers savants ».
- Pagi et vicairies du Limousin aux IXe, Xe et Xie siècles – par M. Deloche.
L'épisode de l'archiprêtré de Chirouze
Au XIVe siècle, avant même de devenir un membre de l'Ordre des Hospitaliers, rattaché à la Commanderie de Bellechasagne, Saint Merd figura tout d'abord parmi les paroisses du diocèse de Limoges.
Ce dernier comptait alors près de trois cents paroisses, groupées en 19 archiprêtrés.
Les pouillés nous donnent la liste suivante concernant les paroisses de l'archiprêtré de Chirouze :
Eymoutiers, Pierre-Lévade (Peyrelevade), Ramnac (Rempnat), Tarnat (Tarnac), Saint-Méard (Saint-Merd-les-Oussines), Saint-Germain-le-Voultz, Saint-Remy, Saint-Denys, Saint-Aignan, Ayat, Eygurande, Coffi, Saint-Pardoux-le-Vieux, Ay, Saint-Sétier (Saint Setiers), Saint-Pierre-Château, Bussy, Saint-Gilles, Forêt-Chabrouty, Nedde, Millevaches, Saint-Sulpice, Saint-Oradour, La Daigne, Saint-Pierre-d'Alleyrat,Ventageole, Limarey, Chauveroche, Vaysse, Beyssac, Vigeyrole, Sérigourt, Roche, Feyte, Merlines, Siournat, Magnac, Mezière, LaTourette, Faulx, Villedieu.
Comme chef de l'autorité spirituelle, l'évêque recevait des chapitres, des prieurs, des curés, des prévôts, et souvent des abbés et abbesses, des redevances assez fortes, dîmes, procurations, conventions, qui, multipliées par une armée de tributaires, réunissait chaque année entre ses mains un véritable trésor, provision du pauvre dans les années de disette, si fréquentes au Moyen-Âge.
D'après ces sources, la paroisse de Saint-Merd (appelée à l'époque Saint-Méard-de-Chirouze") fut originellement rattachée au diocèse de Limoges et non au Grand Pieur d'Auvergne de l'Ordre du Temple.
Ainsi, ce serait en devenant membre de la commanderie hospitalière de Bellechassagne (1444) qu'elle cessa de dépendre de l'évêque de Limoges.
[1] Un castrum limousin est un ensemble complexe, ressemblant davantage à une agglomération fortifiée. On distingue d’abord un enclos seigneurial comprenant une tour-maîtresse (le donjon), une grande salle (pour la justice et les réunions publiques), le logement du seigneur et de sa famille, parfois une chapelle. Ce premier réduit commandait un second enclos, plus gros, comprenant les résidences des chevaliers qui participaient à la défense du site. Chaque chevalier y disposait d’un logement (« de fonction »), souvent constitué d’une tour, d’une cour et d’annexes. Le premier château de Ventadour (commune de Moustier-Ventadour) est fondé vers 1040 par Archambaud, vicomte de Comborn et de Ventadour.
[2] Les travaux de cartographie féodale effectués par Patrice Marcilloux montrent nettement que, dans les espaces vicomtaux des Comborn ou des Ventadour, le territoire châtelain primitif a été complété par des adjonctions postérieures de ressorts déjà constitués - P. Marcilloux, Géographie féodale du Limousin aux XIVe-XVe siècles. « Li quatre vescomtat de Lemozi », thèse de l’École nationale des chartes, 1991, dactyl., cartes.
[3] Partition en damier, parmi les plus usitées de l’héraldique médiévale.
[4] Ebles Ier de Ventadour (auparavant Ebles de Comborn car fils d’Archambaud II), né vers 1035/40 et décédé vers 1095/1096, devint ainsi vicomte de Ventadour (cité en 1030 dans les actes de son père et dans ceux de son frère aîné vers 1035 ; donation à Saint-Martin de Tulle vers 1035).
"Isti diviserunt terram suam : primus Archambaldus tenuit castrum de Comborno, Ebolus Ventadour, caeteras possessiones, castella vel oppida, aequa lance diviserunt", Geoffroi de Vigeois, Chronique, chap. XXIV.
[5] Commune actuelle du canton de Sornac, où ne subsiste hélas plus aucune trace visible de l’époque templière.
[6] Franco de Bort appartient à une famille originaire de Bort-les-Orgues (Corrèze, arr. Ussel), aux confins de l’Auvergne et du Limousin. Entré dans l’ordre du Temple, il en devient un des dignitaires :
-
commandeur d’Aquitaine en 1261 et de Provence en 1267 ;
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visiteur d’Auvergne et du Limousin en 1271, 1273 et 1279 ;
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commandeur de La Marche (Allier, arr. Moulins, cant. Chantelle, comm. Charroux, 1269) ;
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maître de l’Ordre du Temple et précepteur des possessions templières en Limousin (domibus milicie Templi et preceptor domorum milicie Templi in Lemovicinio) ;
-
et sur la fin de sa vie, commandeur de Bellechassagne (Corrèze, 1286) et enfin de Montaignac et Sérandon (Corrèze, 1291).
Voir Joseph Nadaud, Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges, éd. A. Lecler, reprint Paris, 1974, t. I, p. 592 ; R. Sève, A.-M. Chagny-Sève, Le procès des Templiers d ’Auvergne, op. cit., p. 275.
[7] Contrairement à une idée encore trop généralement reçue, l’ordre du Temple a continué à recruter et à envoyer des combattants à Chypre après la chute d’Acre en 1291 et jusqu'en 1307. En 1299-1300, les Croisés participèrent à une campagne visant à reprendre la ville portuaire syrienne de Tortose (aujourd'hui Tartous). L'offensive échoua et se solda en 1300 par un repli sur Chypre de l'essentiel des troupes. Les Templiers laissèrent néanmoins une garnison sur une île située au large de Tartous, que les Mamelouks assiégèrent et capturèrent en 1302. Les Croisés perdirent ainsi leur dernier point d'appui en Terre sainte. Des dizaines de Templiers survivants furent faits prisonniers et emmenés au Caire. Une quarantaine de Templiers étaient encore en prison quelques années plus tard, refusant d'apostasier. Ils finirent par mourir de faim après des années de mauvais traitements. André de Ventadour a-t-il été fait prisonnier sur l'île de Rouad, en septembre 1302 ? Il faudrait alors admettre que Hugues de Faur, qui cite ce fait lors du Procès des Templiers ("captum apud Tortosis per Sarracenos"), se trompe sur la date de réception d’André qu’il situe (il témoigne le 12 mai 1311) huit ans auparavant, soit en 1303.
Source : https://books.openedition.org/psorbonne/3938?lang=fr
[8] Après la suppression de l’Ordre du Temple, les Hospitaliers de Saint-Jean héritèrent de ses biens, par la bulle Ad providam Christi du 2 mai 1312, et - par suite - de ses archives qu’ils intégrèrent aux leurs, généralement centralisées, en Occident, au siège de chaque prieuré.
[9] Les deux dépendances aujourd’hui corréziennes de Lestards et de Saint-Antoine-les-Plantades sont attestées au moins dès le début du XIVe siècle ; cf. Jean-Baptiste Poulbrière, Dictionnaire historique et archéologique des paroisses du diocèse de Tulle, t. II, Brive, 1965, p. 87-91 (Lestards, arr. Ussel, cant. Bugeat). Voir aussi J.-M. Allard, Les ordres hospitaliers en Marche et Limousin au Moyen Age (ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem et chanoines de Saint-Antoine-en-Viennois), dans Les ordres religieux au Moyen Age en Limousin. Actes du colloque de Soudaine-Lavinadière, 28 septembre 2002, Treignac, 2003 (sous presse). Dans sa synthèse sur l’ordre des Antonins, A. Mischlewski ne cite ces trois possessions que d’après l’état officiel des préceptoreries et prieurés, dressé en 1478 (Adalbert Mischlewski, Un ordre hospitalier au Moyen Age : les chanoines réguliers de Saint-Antoine-en-Viennois, Grenoble, 1995, p. 162).
Ce vide s’explique peut-être à cause de la concurrence existant de fait entre saint Martial et saint Antoine tous deux guérisseurs du « Mal des Ardents », dit aussi « feu saint Antoine », l’ergotisme du seigle (sur ce point, voir Jacques Devalette, Bernadette Barrière, La peste de feu : le Mal des Ardents et l’ergotisme en Limousin au Moyen Age, Limoges, 1994).
[10] César lui-même signale les titres électifs gaulois de duc (chef militaire) et prince (chef politique et judiciaire) dont était pourvu Sedulius, chef de la civitas des Lémovices qu’il combattit à Alésia : « Sedulius, dux et princeps Lemovicum ».
Bulletin de la SSAH de la Corrèze, t. X, p. 54
[11] Églises de première fondation qui devinrent chefs-lieux de doyennés, d'archiprêtrés ou d'archidiaconés.